J’ai découvert l’autre jour un petit truc qui m’a fait un drôle de plaisir.
Envie de te le raconter.
C’est au sujet des cartouches d’encre, pour les imprimantes. J’ai l’écœurement facile, question gaspillage. Ces cartouches sont pour moi un sacré exemple d’une aberration de l’homme d’aujourd’hui. Elles sèchent si on s’en sert pas. Elles coûtent cher. (Les imprimantes non, mais elles oui.) Elles n’impriment plus qu’une centaine de pages environ ― leur capacité a été réduite. Le plastique qui les compose est moins solide qu’auparavant.
J’apprends ces choses par un homme qui tient une boutique de recharge de cartouches : un ensemble de petits trucs discrets imaginés par les fabricants pour répondre à cet impératif : faire gagner plus aux actionnaires, sans que le client ne décroche. Tu connais sûrement cette drôle de chanson.
J’écris un roman, c’est bientôt la fin, bientôt les grandes questions de l’éditeur. Quand l’homme me confirme que cette recharge hp301 ne pourra guère imprimer plus que 100 pages, je me pose des questions (j’habite si loin de la ville que la cartouche a presque le temps de sécher durant le voyage).
J’ai conservé une vieille imprimante, dont j’ai déniché les drivers, acheté un câble pour connecter sortie avec broches et USB. Mais ça ne fonctionne pas, l’imprimante ne comprend pas le signal.
Devant cette pauvre Lexmark éteinte qui encombre l’étagère j’essaie de ne pas m’exaspérer, ni déprimer (tu n’es pas obligé de porter ça sur tes épaules). De même, j’essaie de ne pas en faire une question philosophique ; ce n’est qu’une imprimante. Puis je pense internet, et vais poser cette question : peut-on recharger soi-même une cartouche ?
Parmi d’autres, je trouve ça : lien (wikihow).
Le surlendemain, un peu junkie, je demande une seringue hypodermique 5ml à la pharmacienne, qui m’en extrait une d’une boîte de 10, pour 52cts, et je me lance, heureux de bien découvrir le petit trou sous la gommette bleue collée par l’homme du magasin de recharge, puis retenant mon souffle quand j’enfonce l’aiguille dans l’éponge qui constitue la réserve d’encre.
Putain ça marche !
Et de me réjouir de cette petite chose, que je vois comme une avancée vers l’autonomie. Vers une cohérence avec moi-même. (Important, ça, pour moi.)
Alors je partage cette petite chose qui, l’autre jour je te jure, a porté ma journée sur une nuage clair.
[ Au bout du 2è remplissage ça a quand même un peu merdé, j’ai dû faire faire plusieurs nettoyage à l’imprimante etc, ça m’a quand même pris un peu de temps pour mieux comprendre toute l’affaire. ]
[ Un ami il y a quelques temps m’a parlé de cette même joie qu’il avait eue à réussir à installer lui-même la boule derrière sa voiture. ]
PS : Pour revenir au roman, un libraire me confirme que quasi personne n’arrive par la poste chez un éditeur, que ça se joue en général par une personne qui connaît une personne qui connaît elle-même une personne… Alors je me permets, profite de ce message pour passer celui-ci : je cherche un contact, une personne qui connaît une personne qui connaît elle-même un éditeur ― à voir ensuite si mon texte serait dans la ligne de cet éditeur…