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parler (du vaccin, par exemple)

Bonjour, voici un assez long mail.

Hier j’ai eu l’occasion de reconnaître, une nouvelle fois, la force de la parole.
Je n’ai pas toujours le courage.
Plus la situation est gênante, ou importante à mes yeux, plus les premiers mots ont du mal à se former.
Vas-y mon gars.
Quand je me lance je peux avoir peur, et si je vois que cette parole est reçue comme un marque de confiance, et que l’autre à son tour, se met dans la parole, alors je suis ému, et je me réjouis de l’humanité.

Ici je vous écris des mots car il me semble important de formuler ces paroles qui sont en moi.

J’ai vu passer une pétition. Par rapport à ce passeport sanitaire. Je ne sais pas jusqu’où des pétitions peuvent mettre en mouvement.
Je ne la trouve pas particulièrement bien écrite, cette pétition, elle met beaucoup de points d’exclamation, par exemple. Son ton n’est pas le mien.
Mais son sens va dans le mien.

Je pense que derrière ce virus qui nous déstabilise depuis un bon moment, ce vaccin et la manière dont nous abordons cette histoire qui nous arrive, il y a des questions profondes.

Je pense que cette histoire questionne notre peur. Notre peur de la mort. Notre peur d’un certain vivant.
Qu’elle questionne, en lien avec notre finitude, les manières dont nous voulons nous soigner. Et, avant le soin, peut-être, les manières dont nous pouvons/
voulons vivre, nos corps et nos santés (et nos esprits).
Je trouve qu’il n’y pas assez de débat sur ces profondeurs.

Je crois, et je trouve important de le dire, dans un rapport au monde qui ne soit pas aussi protectionniste.

Nos vies ne peuvent pas qu’être sous cloche de verre. On ne pourra construire des murs pour se protéger de tout, aujourd’hui je pense cela.

Par exemple, je n’ai pas envie de manger des œ
ufs trempés dans de l’eau de Javel, afin d’avoir zéro risque de maladie.
Car d’une part ça n’a pas le même goût (j’imagine), d’autre part, le zéro risque pour moi n’existe qu’en mathématiques (et encore ?), et puis aussi : en s’extrayant autant de la chaîne du vivant, j’ai cru comprendre qu’on se rendait plus fragiles : nos corps perdent l’habitude de se défendre par eux-mêmes (et par leur essence : l’alimentation).
(J’aime bien cette idée que nous sommes ce que nous mangeons – j’ai mis du temps réaliser la portée de cette idée.)

Je trouve que ce serait intéressant qu’on parle de ces fonds, au niveau national. Carrément.
Comment se protéger ?  Se renforcer ? Etc.

Un débat. Des grands débats. Avec des paroles. Des écoutes, même, des bouches et des oreilles. J’apprendrais à écouter.
Pourquoi pas un référendum. Soyons fous.

Je me dis aussi (et j’ai bientôt fini) qu’on peut voir l’urgence sous différents angles.
Quelle est l’urgence, aujourd’hui ? Se protéger ? Oser se parler ? Se poser la question de transformer ? Autre chose ?

S’ouvre alors la boîte des questions.
Par exemple, qu’est-ce que transformer ?
Aussi : qu’est-ce que l’Homme ? le sens de sa vie ? Pouvons-nous vivre ensemble si nous donnons des sens différents à nos vies ?
Un homme, serait-il président d’une république, peut-il affirmer qu’il n’y a qu’une seule solution ?
Faut-il un chef, une hiérarchie ? Quel est le rôle du chef ? Notre démocratie est-elle riche d’humanité ?

Pouvons-nous être responsables ? concernés ? dire ce que nous sentons à l’intérieur ? aller voter avec joie ?
Parler sert-il à quelque chose, ces mots servent-ils, à quelque chose ?

J’arrive au bout : je décide que ce mail a été écrit pas seulement pour moi mais aussi pour des amis, de la famille, des connaissances et une partie des contacts de Cause Toujours
(excusez-moi si ce message n’aurait pas dû aller vers votre adresse…), et que je l’envoie, sans trop penser à ce qu’il touchera ou non, comme une ouverture de parole, simplement.
Pour… prendre
soin ?

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