(cueillir les pommes)

j’aime cette lumière d’automne
tu sais celle qui commence à raser le talus
celle où l’on se trouve     à songer
depuis le dehors     à l’intérieur

(joies tranquilles de l’intérieur, une lenteur pas loin)
(une source)
(puissante)
(c’est violoncelle Bach en grappes (sa résonance dans les années), old jazz vers les Coltrane, toi Philip Glass peut-être, ou nappes, toi chants, du monde, Anouar Brahem Satie (ses gouttes d’eau et le K du prénom), en soi quelques hektomètres de musique, tant et tant, flûte et vent des steppes
puis     caresser le silence)

l’Intérieur donc, Chez soi — pour ceux qui l’ont
porte fermée sur l’Humide qui s’annonce (oui on ferme la porte, désormais)
jusqu’au feu dans le poêle pour ceux qui l’ont
on commence à penser couette, plaid

la lumière douce, métallique
le pas à pas du jour

j’aime ça dehors
j’aime ça quand j’entre dans le Faire
sans chercher plus loin
juste le geste qui suit
juste dehors
je deviens Etre par ce Faire — me semble
plénitude d’un coin de jour
pas d’autre besoin — semble
rien d’autre que faire
être attelé à ça
là sous ce Pommier Qui Tangue
là, et le monde Respire

mais
voici
que de ce coin d’herbe couchée où j’étais attelé
je me relève — n’aurais pas dû car me revient comme jetée dans l’air par un diable crevard (un petit salopiaud becqueteur d’âme qui dirait-on n’attendait que ça me voir lever) — me revient pleine poire au travers des branches des feuilles cette phrase à la radio l’autre jour, belle — une voix d’homme une profonde simple ces mots d’un romancier : on a l’impression des fois que l’humanité a lâché l’affaire

aïe vite
m’accroupir à nouveau ne pas pincer les lèvres
décapiter la pensée
remettre les mains dans l’instant
Pomme, Pomme
honorer la ligne de l’Agenda : « mardi 18h ramasser pommes »


honorer
et
oser croire
que mes mains, sérénité     respireront au large