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primavera

Cher Fred (longtemps que je ne t’ai pas écrit),

dans cette vitrine de café où je me suis assis
banquette casse-dos je travaille figure-toi avec une joie grandissante :
c’est que je sens dehors la nuit monter
lentement
le jour épaissi
fluide
blanc

la douceur du printemps elle est là je la reconnais
elle inonde en puissance
la rue
et ce café vert
(et mon coeur sûrement – ce qui s’approche du coeur)

sur la banquette regardant ma joie qui grandit
je me dis il est des choses qui balaient
les arrogances
les dominances
même les méfiances

de ces choses qui porte l’humain vers ses profondeurs
sereines
de ces choses qu’on a envie de faire circuler

alors : que ce bon vieux printemps coule jusqu’à toi !


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